Lo spettacolo di Daria Deflorian e Antonio Tagliarini in prima assoluta in Belgio al Teatro Les Tanneurs
Finzione e realtà hanno formato la lingua poetica di Daria ed Antonio.
Reality è nato da una coincidenza felice : l’incontro sulle pagine della Repubblica di una parte del reportage di Szcygiel su Janina Turek e dei due artisti italiani nel 2010. Questo incontro non è stato casuale, come lo spiega Daria in un’intervista. Lei ed Antonio hanno riconosciuto in quel reportage un bisogno, quello di far dialogare la finzione con la realtà. Incrociava un ragionamento che veniva in parte dalle loro esperienze. Riconoscere la lingua di uno scrittore come Szcygiel, che è riuscito non solo a far uscire Janina dalla sua dimensione di caslinga ordinaria -anche inventando delle cose per poter sintetizzare quello che aveva riconosciuto nei 748 diari scritti da Janina- ma anche a mettere in luce degli elementi di profonda poesia della vita di questa donna. Fare il reportage è una sintesi perché la realtà tale come si presenta non è mai a portata dell’arte. La realtà è molto più larga, dislocata, misteriosa, confusa, lenta. Con Reality, Daria ed Antonio sono riusciti a portare alla luce gli episodi di un’esistenza che ci appare profondamente solitaria, dopo un immenso lavoro di investigazione che i due artisti hanno condotto fino a Cracovia, per comprendere la vita di questa misteriosa donna e condividerla con noi.
Janina, la battaglia della quotidianità contro la Storia.
Il giorno in cui gli Janina decide di scrivere un diario accade nel 1943, quando rientra a casa sua e scopre che il marito è stato arrestato dalla Gestapo ed inviato ad Auschwitz. Lei comincia a scrivere pagine e pagine di dettaglio sui fatti quotidiani della sua vita : che cosa ha mangiato per colazione, pranzo e cena, chi ha incontrato nell’arco delle sue giornate, quante volte ha salutato la stessa persona. Un’ossessione di descrivere la sua realtà, racontando solo i fatti puri senza mai commentarli. Elencare i gesti che costruiscono la vita quotidiana, le piccole cose di cui nessuno si interessa veramente. Non possiamo non chiederci quale sia stato il senso di registrare tutto ciò. Fare l’inventario della propria vita non è alla fine il miglior modo per tenere le distanze? Forse un tentativo di superare il trauma della perdita del marito ? Non lo possiamo affermare con certezza. Janina Turek era un’ordinaria cittadina polacca, ma con la mente di un’artista. In un’epoca dove ormai si va sempre di fretta, troppo velocemente, dove tutto è connesso grazie ad Internet, la storia di Janina ci ricorda che la nostra unicità si rivela anche e sopratutto nelle cose ordinarie. Non sempre serve compiere grandi progetti per vivere una vita piena.
La Storia sempre si ripete.
Attraverso la storia di Janina si riscopre la Storia (con una S maiuscola) della Polonia di quegli anni. 1943, gli arresti ed il campo di Auschwitz. 1972, la visita di Fidel Castro in Polonia. Il 13 dicembre 1981, data in cui la Polonia diventa uno stato di guerra, “una variante comunista di una dittatura”. Una frase che colpisce e risuona con stupore delle nostre menti, allorché l’Ucraina sta vivendo una guerra contro la Russia. La storia di Janina sembra senza tempo, e ci chiediamo perché l’uomo ripete costantemente gli stessi errori, come se le lezioni del passato fossero cancellate man mano che le vecchie generazioni spariscono e le nuove emergono.
Un’interpretazione stravolgente, che si serve di una scenografia minimalista per cogliere l’essenza di questa storia.
Con grande umiltà, precisione e delicatezza, Antonio e Daria, pur interpretando loro stessi, entrano e escono dal personaggio di Janina, spostano tavolino, sedie, poltrona, litigano con il telecomando di una televisione che non funziona più. I due attori, con un atteggiamento quasi ludico e un modo di muoversi che sembra non impostato, rivivono le azioni e non-azioni di Janina, riuscendo a trasmettere al pubblico le sue emozioni quotidiane, che sono anche le nostre. Inizia dalla ricostruzione dei suoi ultimi momenti di vita - di come sia caduta a terra dopo una crisi cardiaca, di cosa stesse osservando- un albero che forse non aveva mai notato prima di morire- mentre si spegneva sull’asfalto, davanti forse ad un passante. Il tono leggermente scherzoso che lentamente si modula per portare il pubblico in una realtà più profonda, dove si cerca di cogliere il senso della vita, per Janina come per noi. I due artisti ricercano il momento in cui la protagonista ha dato vita a questa sua ossessione catalogatrice.
Gli spazi della scenografia contribuiscono a generare questo sentimento di vuoto, abandono e solitudine di Janina, che, pur avendo 3 figli, ha condotto di nascosto l’investigazione ed inventario della propria realtà per più di mezzo secolo.
“Reality” ou la recherche de l’essence du réel qui nous échappe
Daria Deflorian e Antonio Tagliarini
Teatro Les Tanneurs, a Bruxelles. Première en Belgique. 15-19 Marzo 2022
La fiction et la réalité ont formé le langage poétique de Daria et Antonio.
Reality est née d'une heureuse coïncidence, celle de la rencontre sur les pages de la Repubblica (quotidien italien) d'une partie du reportage de Szcygiel sur Janina Turek en 2010 et des deux artistes italiens. Cette rencontre n'était pas fortuite, comme l'explique Daria dans une interview. Dans ce reportage, Daria et Antonio ont reconnu un besoin, celui de faire dialoguer la fiction avec la réalité. Ce besoin se rejoignait à un raisonnement qui provenait en partie de leurs expériences. Reconnaître le langage d'un écrivain comme Szcygiel, qui a réussi non seulement à sortir Janina de sa dimension de femme au foyer ordinaire, allant jusqu'à inventer des choses pour pouvoir synthétiser ce qu'il avait reconnu dans les 748 journaux écrits par Janina, mais aussi à mettre en évidence certains éléments de profonde poésie dans la vie de cette femme. Faire du reportage est une synthèse car la réalité telle qu'elle se présente n'est jamais à la portée de l'art. La réalité est beaucoup plus vaste, déplacée, mystérieuse, confuse, lente. Avec Reality, Daria et Antonio ont réussi à mettre en lumière les épisodes d'une existence qui nous apparaît profondément solitaire. La pointe de l'iceberg, celle de l'immense travail d'investigation que les deux artistes ont mené jusqu'à Cracovie, pour comprendre la vie de cette femme mystérieuse et nous la partager.
Janina, le combat du quotidien contre l'Histoire.
C’est en 1943 que Janina décide d'écrire un journal, le jour où elle rentre chez elle pour découvrir que son mari a été arrêté par la Gestapo et envoyé à Auschwitz. Elle commence à écrire des pages et des pages détaillées sur les événements quotidiens de sa vie : ce qu'elle a mangé au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner, qui elle a rencontré au cours de ses journées, combien de fois elle a salué la même personne. Une obsession de décrire sa réalité, de ne raconter que les faits purs sans jamais les commenter. Lister les gestes qui construisent son quotidien, les petites choses dont personne ne se soucie vraiment. On ne peut s'empêcher de se demander quel était l'intérêt d'enregistrer tout cela. Faire l’inventaire de sa vie n'est-il pas finalement le meilleur moyen de prendre ses distances ? Peut-être une tentative de surmonter le traumatisme de la perte de son mari ? On ne peut pas le dire avec certitude. Janina Turek était une citoyenne polonaise ordinaire, mais avec l'esprit d'une artiste. À une époque où tout va toujours plus vite, trop vite, où tout est connecté grâce à Internet, l'histoire de Janina nous rappelle que notre unicité se révèle aussi et surtout dans les choses ordinaires. Il ne faut pas toujours de grands projets pour vivre une vie bien remplie.
L'Histoire se répète toujours.
A travers l'histoire de Janina on redécouvre l'Histoire (avec un S majuscule) de la Pologne de ces années. 1943, les arrestations et les camps de concentration. 1972, la visite de Fidel Castro en Pologne. Le 13 décembre 1981, date à laquelle la Pologne devient l'état de guerre, "une variante communiste d'une dictature". Une phrase qui frappe et résonne avec effarement dans nos esprits, alors que l'Ukraine vit actuellement une guerre contre la Russie. L'histoire de Janina semble intemporelle, et on se demande pourquoi l'Homme répète sans cesse les mêmes erreurs, comme si les leçons du passé s'effaçaient au fur et à mesure que les vieilles générations disparaissent et que les nouvelles émergent.
Une interprétation bouleversante, que sert un décor minimaliste, capturant l'essence même de cette histoire.
Avec beaucoup d'humilité, de précision et de délicatesse, Antonio et Daria, qui interprètent eux-mêmes sur scène, entrent et sortent du personnage de Janina, déplacent la table, les chaises, le fauteuil, se disputent avec la télécommande d'une télévision qui ne fonctionne plus.Les deux comédiens, avec un air enjoué et une façon de se déplacer qui semble non planifiée, font revivre les actions et les non-actions de Janina, parvenant à transmettre au public ses émotions quotidiennes, qui sont aussi les nôtres.
Cela commence par la reconstitution de ses derniers instants de vie - de la façon dont elle est tombée au sol après une crise cardiaque, de ce qu'elle observait - un arbre qu'elle n'avait peut-être jamais remarqué avant de mourir - alors qu'elle s'éteignait sur le goudron, peut-être devant un passant. Le ton légèrement ludique qui change progressivement pour amener le public dans une réalité plus profonde, où spectateurs et artistes tentent de saisir le sens de la vie, pour Janina comme pour nous. Les acteurs recherchent le moment où l’obsession de cataloguer de la protagoniste a initié.
Les espaces de la scénographie contribuent à générer ce sentiment de vide, d'abandon et de solitude de Janina, cette femme qui, sans rien révéler à ses 3 enfants, a mené secrètement son enquête et l’inventaire de sa propre réalité pendant plus d’un demi-siècle.